"Il est temps que tu mettes de côté ton orgeuil et ton amour-propre."
Y'a comme qui dirait des nerfs qui lâchent,
quelque part j'sais pas où.
Mais ça se sent qu'on l'voit,
en plus.
"On est pas au théâtre Léa, tu ne quittes pas la pièce comme ça sur une réplique en attendant qu'on t'applaudise."
Je sais, papa.
C'est bête hein, de vouloir faire plaisir.
Par souci d'intégration?
Aimez-moi.
J'm'étouffe avec toute la bave que j'ravale.
Il m'en reste 5.
Je rêve de repeindre une mobylette en vert.
La mienne,
ma liberté?
On n'est pas libre,
Léa.
La liberté c'est un leurre.
Et quand bien même Mère Noël daignerait t'offrir un deux roues motorisé:
il faudrait payer l'essence.
Je vais m'en aller
un jour,
on finit toujours par savoir où aller,
hein?
J'aurais le privilège de décider moi-même de la couleur de mes barreaux.
C'est tellement mieux,
me diras tu.
Je m'évade dans mes bouquins,
j'pense même au mal que ça me f'rait de devoir les vendre,
quand je partirai,
et que je serai fauchée comme le blé.
Ma peau chante le blues,
mes notes sont en descrescendo,
mes mercredis sont punis,
ma vie part en sucette,
et je n'ai le droit de rien dire:
je suis fine,
et il y a même des petits africains qui crèvent la dalle là-bas,
où les plus nombreux à les évoquer ne sont jamais allés.
Le plaisir de sucer.
punie tous les mercredis? dur
bisous