mahe

c'est l'histoire d'un amour mort-né
qu'on aimait trop déjà
un amour, dont le frère aîné
- qui devait naître soeur -
cria si fort à la délivrance,
qu'on l'abandonna
"tu n'es pas assez belle"

c'est l'histoire d'un amour mort-né
que l'on embrasse dans son linceul
d'un amour mort né qui chante à tue tête

"comme tu es seule,
comme tu es seule
comme tu es seule"

le riz colle aux parois
quand tu la colles au mur ce
râle, derrière, se
nomme plaisir l'air
manque presque à celles qui
crient dans leur ivresse
les chairs se tendent sous
les gifles glacées
de l'eau qui court, parcourt
les corps
les bouches
affamées,
engloutissent la dignité
tout
glisse sous
la porte et
s'évanouit,
avec le sommeil

J'ai : la main qui épouse l'aine
la bouche pleine
de baisers ravalés

c'est pour combler
les absences
que je respire si fort

et le silence a tort :
c'est lui le plus bruyant,
ou j'ai des acouphènes